Séchage en grange thermovoltaïque : une solution durable pour les agriculteurs

Séchage en grange thermovoltaïque une solution durable pour les agriculteurs

Le séchage en grange thermovoltaïque révolutionne la manière dont les agriculteurs gèrent leurs fourrages. Cette technologie combine production d’électricité et récupération de chaleur pour optimiser le séchage du foin, tout en réduisant les coûts énergétiques et l’empreinte carbone. Utilisée principalement dans les exploitations laitières et ovines, elle permet de produire un foin de haute qualité, essentiel pour une alimentation animale optimale. Cette méthode, encore peu répandue en France avec environ 60 installations recensées, gagne en popularité grâce à ses avantages économiques et environnementaux.

Comment fonctionne le séchage en grange thermovoltaïque ?

Le séchage en grange thermovoltaïque repose sur l’utilisation de panneaux solaires hybrides, souvent appelés panneaux Cogen’Air, développés par des entreprises comme Base Innovation. Ces panneaux ont une double fonction : produire de l’électricité via leur face avant et récupérer la chaleur dégagée par leur face arrière pour sécher le fourrage.

Le processus technique

L’air extérieur est aspiré au niveau du faîtage du bâtiment, puis chauffé par les échangeurs thermiques situés sous les panneaux. Cet air chaud est ensuite distribué par des ventilateurs sous des caillebotis où le foin est stocké en vrac. Un système de régulation intelligente ajuste la vitesse des ventilateurs en fonction de l’humidité et de la température, garantissant un séchage optimal. Ce processus permet de réduire l’humidité du fourrage de 20 à 50 %, atteignant un taux de matière sèche de 85 à 87 % en une à deux semaines, selon les conditions météorologiques.

Avantages pour la qualité du foin

En séchant le foin rapidement, cette méthode préserve ses qualités nutritionnelles, comme les protéines et les vitamines, tout en maintenant sa couleur verte et son odeur florale. Cela améliore la santé des animaux et la qualité des produits laitiers, comme observé au Gaec Courcelle en Mayenne, où une augmentation de 10 % de la production laitière a été constatée grâce à un foin de meilleure qualité.

Les bénéfices économiques du séchage thermovoltaïque

Investir dans un séchoir thermovoltaïque représente un coût initial significatif, souvent entre 230 000 et 500 000 euros, incluant le bâtiment, les panneaux et les équipements comme les autochargeuses. Malgré cela, les retours sur investissement sont attractifs grâce à plusieurs facteurs.

Production et vente d’électricité

Les panneaux photovoltaïques génèrent de l’électricité qui peut être revendue à des fournisseurs comme EDF via des contrats d’obligation d’achat. Par exemple, au Gaec Courcelle, 75 000 kWh ont été injectés dans le réseau en 2020, couvrant largement les 34 000 kWh consommés par le séchoir. Cette production excédentaire crée une source de revenus supplémentaires, amortissant l’investissement en 9 à 15 ans selon les exploitations.

Subventions et aides financières

Les agriculteurs peuvent bénéficier de subventions, comme celles du Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles (PCAE). Au Gaec La Niro en Vendée, 43 000 euros d’aides ont été obtenus pour un investissement total de 400 000 euros, incluant le séchoir et une salle de traite. De plus, les installations thermovoltaïques sont éligibles aux primes CEE (Certificats d’économie d’énergie), réduisant encore les coûts initiaux.

Impact environnemental et autonomie énergétique

Le séchage en grange thermovoltaïque s’inscrit dans une démarche d’agriculture durable. En valorisant l’énergie solaire, il réduit la dépendance aux énergies fossiles et limite les émissions de CO2. Les exploitations équipées, comme celle du Gaec des Rivières en Lozère, deviennent souvent à énergie positive, produisant plus d’énergie qu’elles n’en consomment.

Adaptation au changement climatique

Avec des hivers plus doux et des périodes de récolte plus précoces, sécher le foin en extérieur devient complexe, surtout dans les régions humides. Le séchage thermovoltaïque permet de récolter l’herbe à 60 % de matière sèche et de la sécher en seulement 36 à 48 heures, même par temps pluvieux, comme l’a souligné un éleveur de la Manche.

Exemples concrets d’installations

Voici quelques cas d’exploitations ayant adopté cette technologie :

  • Gaec La Niro (Vendée) : Investissement de 300 000 euros pour un séchoir capable de stocker 200 tonnes de matière sèche, avec une production d’électricité autofinancée par les panneaux.
  • Gaec Courcelle (Mayenne) : Séchoir de 900 m² avec deux cellules de 180 m², produisant 70,2 kWc électriques et 200 kW thermiques, amorti en 12 à 15 ans.
  • Gaec des Rivières (Lozère) : Première installation thermovoltaïque de la région, visant une autonomie fourragère et une meilleure qualité de lait.

Comparaison des coûts et performances

Pour mieux comprendre les implications financières, voici un tableau comparatif basé sur des installations réelles :

Exploitation Coût total (euros) Retour sur investissement (années)
Gaec La Niro 300 000 9-10
Gaec Courcelle 500 000 12-15
Gaec de la Petite Prée 230 000 10-12

Pourquoi adopter le séchage en grange thermovoltaïque ?

Cette technologie répond aux besoins des agriculteurs cherchant à optimiser leurs ressources tout en s’adaptant aux défis climatiques. Elle garantit un fourrage de qualité, réduit les coûts énergétiques grâce à la production d’électricité, et s’aligne avec les objectifs de durabilité. Avec des aides financières et un retour sur investissement raisonnable, le séchage thermovoltaïque représente une solution d’avenir pour les exploitations agricoles modernes.

Pour les agriculteurs envisageant cette transition, collaborer avec des experts comme Base Innovation et analyser les subventions disponibles sont des étapes clés. Cette approche permet non seulement d’améliorer la rentabilité, mais aussi de contribuer à une agriculture plus respectueuse de l’environnement.

par Do Rémi

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